
Jardin Solaire
Designer de jardins japonais et architecte paysagiste, jardins du monde et de navarre.
André le Nôtre, architecte et dessinateur des jardins du roi, naquit à Paris en 1613. Son père, surintendant des jardins des tuileries, voulut qu'il se fit un nom dans les arts et le mit chez Simon Vouet, ou le jeune Le Nôtre se lia avec Lebrun d'une amitié qui dura toute leur vie.
Après Vaux, Le Nôtre fut chargé de la distribution des jardins de Versailles, et il ne s'effraya pas des obstacles que présentait le terrain. Lorsqu'il eut arrêté ses plans, il pria le Roi de venir sur les lieux pour juger de leur distribution. Il commença par les deux pièces d'eau qui sont sur la terrasse au pied du château ; il lui expliqua ensuite son dessein pour la double rampe. Le Roi, à chaque grande pièce dont Le Nôtre lui indiquait la position, l'interrompait en disant : "Le Nôtre, je vous donne vingt mille francs." Cette Approbation fut répétée plusieurs fois ; mais Le Nôtre, aussi désintéressé que touché de cette munificence, arrêta le monarque, et lui dit brusquement : " Sire, Votre Majesté n'en saura pas davantage ; je la ruinerais ! " La plaine aride ou Versailles est situé manquait d'eau ; il n'y avait à proximité du château qu'un marais malsain ; on proposait de le dessécher : Le Nôtre s'y opposa et rassembla toutes ces eaux dans le vaste canal qui termine le parc de Versailles.
Le Nôtre obtint du roi la permission de voyager en Italie, et en 1678 il se rendit à Rome, ou le pape Innocent XI lui fit l'accueil le plus distingué, et lui accorda une audience particulière, dans laquelle il se fit montrer tous les plans de Versailles. Sur la fin de l'audience, Le Nôtre, transporté d'un si bon accueil, s'écria : "Je ne me soucie plus de mourir; j'ai vu les deux plus grands hommes du monde : Votre Sainteté et le Roi, mon maître. " " Il y a une grande différence, répondit le pape : le Roi est un grand prince victorieux ; je suis une pauvre prêtre, serviteur des serviteurs de Dieu ; il est jeune et je suis vieux. " A cette réponse, Le Nôtre oubliant à qui il parlait, frappa sur l'épaule du pape en lui disant : " Mon révérand Père, vous vous portez bien et vous enterrerez tout le sacré collège ! " Innocent XI ne put s'empêcher de rire ; alors Le Nôtre, n'étant plus maître de ses transports, se jeta au cou du Saint-Père et l'embrassa. De retour chez lui, il se hâta d'écrire ce qui venait de se passer à Bontemps, premier valet de chambre du Roi. La lettre fut lue à Louis XIV à son lever. Le duc de Créqui, présent, voulut gager mille louis que la vivacité de Le Nôtre n'avait pu aller jusqu'aux embrassements : " Ne pariez pas, répondit le roi ; quand je reviens d'une campagne, Le Nôtre m'embrasse, il a donc bien pu embrasser le pape. "
En 1675, le Roi lui accorda des lettres de noblesse, avec la croix de Saint-Michel, voulant lui donner des armes; mais, malgré tant de faveurs, Le Nôtre avait conservé sa modestie : il répondit qu'il avait les siennes, qui étaient trois limaçons, couronnés d'une pomme de chou. " Sire, ajouta t-il, pourrais-je oublier ma bèche ? Combien elle doit m'être chère ! N'est-ce pas à elle que je dois les bontés dont Votre Majesté m'honore ? "
Déjà vieux, il demanda la permission de se retirer. Louis XIV ne lui accorda la faveur qu'il sollicitait qu'à condition qu'il viendrait le voir de temps en temps. Deux ou trois ans après, Le Nôtre étant allé à Marly, dont Mansard était l'architecte, le monarque l'aperçut et lui dit qu'il voulait lui faire les honneurs de son jardin ; il monta dans sa chaise couverte, et obligea Le Nôtre à y prendre place. Celui-ci, touché de tant de bonté, et remarquant Mansard qui suivait le Roi, s'écria " Sire, en vérité, mon bonhomme de père ouvrirait de grands yeux s'il me voyait dans un char, auprès du plus grand Roi de la terre. Il faut avouer que Votre Majesté traite bien son maçon et son jardinier! "
Le titre de jardinier des rois lui restera toujours. C'est en 1700, âgé de quatre-vingt-dix ans, qu'il mourut. Son buste, sculpté par Coysevox, est placé au Musée des Monuments français.
Le Nôtre a été le génie qui a su tirer un admirable parti de son époque, et qui a mené à l'apogée l'Art des Jardins.
Celui-ci a contribué largement à l'âge d'or du jardin à la française en Europe, lui-même inspiré du jardin italien. Vous souhaitez un beau jardin du patrimoine ou une reconstitution historique ? Contactez-nous.